Média euroméditerranéen des diversités à Marseille 2017

Afrisanté : améliorer l’accès aux soins des migrants

Alors que la nouvelle campagne de prévention Sida Eté 2009 suit son cours, Afrisanté – association Afrique action pour la santé et contre le sida – préfère développer une autre approche de l’épidémie, celle d’un travail de proximité au quotidien. Des combattants de l’ombre au contact des communautés africaines, particulièrement fragilisées par le VIH.

L’épidémie est en constante évolution chez les migrants, en particulier auprès de la population d’Afrique subsaharienne. Les statistiques sont éloquentes : 2002, 3 femmes sur 4 de moins de 30 ans contaminées sont de nationalité d’Afrique subsaharienne. 2003, la moitié des nouveaux cas d’infection concerne ces femmes. La même année voit le jour à Marseille, l’association Afrisanté – présidée actuellement par le Dr Karamoko Coulibaly -, regroupant des médecins, juristes, sociologues et anthropologues. Fondatrice et directrice de la structure, Kodou Wade a mis à profit son expérience de militante et de professionnelle de la santé. Anthropologue de formation, elle avait réalisé sa thèse justement sur les questions de santé. Son livre – paru à l’automne 2008 – intitulé Sexualité et fécondité dans la grande ville africaine – Le cas de Ouakam aborde les comportements et opinions en matière de sexualité des adolescents en banlieue d’une cité africaine en nous donnant des éléments de compréhension sur la progression de la pandémie en Afrique. En outre, elle avait rédigé un article de référence pour l’Université de Bordeaux sur les actions de prévention et la politique mise en œuvre auprès des communautés de l’Afrique subsaharienne par Afrisanté.

«  Des souffrances, des difficultés aiguës  »

Sensible au constat alarmant au sein de cette population, Kodou Wade reconnaît « en tant qu’Africaine (elle est sénégalaise), l’intégration n’est pas facile ». Et de poursuivre « ce sont des catégories marginalisées avec des souffrances, des difficultés très aiguës. La maladie, le logement, l’emploi, l’illettrisme ou le durcissement des procédures de régularisation en Préfecture » sont autant de problématiques à résoudre. Selon la directrice, les personnes contaminées ont peur du jugement et en corollaire de l’exclusion en divulguant leur séropositivité. Depuis bientôt trois ans, Afrisanté possède un local au cœur de Noailles. Un lieu discret où la confidentialité revêt son importance. Des repas conviviaux, organisés tous les mois avec des groupes de femmes permettent d’engager des discussions autour d’un sujet toujours tabou.

Un réseau cohérent

La démarche de l’association s’articule autour de trois projets. Le premier porte sur l’accueil, l’accompagnement médico-social et la prévention. Afrisanté ne se limite pas à la prévention du VIH. Plus largement, la promotion de la santé (maladies chroniques, cancers, hépatites) est son cheval de bataille. L’équipe de trois salariés travaille en lien avec le pôle social de la Sécurité Sociale. La fragilité sanitaire du public est aggravée par la lenteur des procédures d’obtention d’une carte de séjour – durée parfois supérieure à un an -, le privant de droit aux aides sociales tels le RMI ou l’AAH (allocation aux adultes handicapés), au circuit d’hébergement notamment. Afin de réduire cette précarité propre aux sans-papiers, Afrisanté apporte une aide à la constitution de dossiers administratifs, à la médiation auprès d’autres structures telles *AAPI, TIPI, CIDAG, ADDAP 13, Réseau Santé Mistral, AIDES. Des aides à la vie quotidienne sont possibles avec une mise à disposition régulière de tickets services, de transport, de cartes téléphoniques par exemple. Des actions de prévention ici ou là-bas. Afrisanté peut être un relais d’information pour les associations humanitaires, oeuvrant pour l’Afrique.

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