Le Burundi face au VIH/sida

Le deuxième projet multisectoriel de lutte contre le VIH/sida du Burundi, mis en œuvre entre 2008 et 2011, s’est employé à développer la panoplie et l’utilisation de services préventifs destinés aux groupes les plus vulnérables ou aux personnes affectées par le VIH/sida. Il a permis de ramener le taux national de prévalence de 3 à 1,4 %, de multiplier par plus de deux le nombre de personnes sous thérapie antirétrovirale et de distribuer plus de 4 millions de préservatifs.

Défi

Avec un revenu brut par habitant de 380 dollars, le Burundi est l’un des pays les plus pauvres du monde. Les dépenses individuelles de santé y sont inférieures à 49 dollars par an. Selon une enquête de 2007, le taux de prévalence du VIH dans la population générale était de 3 %, sans commune mesure avec celui des professionnels du sexe (38 %), sachant que l’on observait une propagation rapide en milieu rural. Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette épidémie, dont la prostitution, la multiplicité des partenaires sexuels et le faible taux de circoncision masculine. Le déploiement de la stratégie nationale de lutte contre le VIH/sida 2002-2006 ayant achoppé sur quantité d’obstacles d’ordre institutionnel, technique, financier et liés aux capacités, les enseignements ont été retirés pour guider l’élaboration d’une seconde stratégie. À cet effet, le pays a sollicité le soutien de l’Association internationale de développement (IDA) pour des orientations stratégiques, des retours d’expérience et une assistance technique. Il était aussi soucieux de garantir la synergie entre le renforcement du système de santé et les interventions centrées sur le VIH/sida. Enfin, le gouvernement a plaidé pour la poursuite du soutien de l’IDA à la société civile, jugé essentiel, à travers des sous-projets et des activités de développement des capacités.

Solution

  • Le projet avait pour objectif « le recours à une plus grande panoplie de services préventifs au sein des groupes très vulnérables ou de ceux qui souffrent du VIH/sida ». Il visait les professionnels du sexe, les hommes de 15 à 49 ans ayant eu plusieurs partenaires sexuels au cours des 12 derniers mois et les femmes enceintes séropositives ;
  • Accroître en volume et en valeur les sous-projets visant les populations vulnérables et les groupes à risque ;
  • Accroître le pourcentage et le nombre de malades à un stade avancé de l’infection qui bénéficient d’une thérapie antirétrovirale ;
  • Accroître le nombre de femmes enceintes séropositives qui bénéficient d’une thérapie antirétrovirale pour prévenir la transmission mère-enfant ;
  • Accroître le nombre de personnes vivant avec le VIH/sida qui bénéficient du dispositif de petites subventions ;
  • Accroître le nombre d’organisations du secteur public dont les plans annuels ou stratégies sectorielles comprennent des activités en rapport avec la lutte contre le VIH.

Pour atteindre ces objectifs, le projet a financé des activités visant à faire évoluer les comportements dans un certain nombre d’organismes, apportant un soutien à la prévention de la transmission mère-enfant et à la circoncision masculine par le biais de transferts directs au ministère de la Santé. Le projet a aussi appuyé la généralisation des traitements antirétroviraux (ARV), en recourant à un système de contrats liés à la performance administré par le ministère de la Santé. Des petites subventions ont été allouées aux familles vulnérables et des activités de lutte contre le VIH/sida ont été promues au sein des ministères clés et des gouvernements locaux.

Résultats

  • Recul de la prévalence du VIH parmi les professionnels du sexe, de 37,7 à 19,8 %.
  • Recul du taux national de prévalence du VIH, de 3 à 1,4 %, avec dans le même temps au moins un doublement des traitements ARV.
  • Augmentation du nombre de patients bénéficiant de thérapie ARV, de 10 928 à 25 117.
  • Augmentation de la proportion de femmes enceintes infectées ayant reçu un traitement ARV complet pour réduire le risque de transmission mère-enfant, de 6 à 32 %.
  • Progression du taux d’utilisation des préservatifs chez les professionnelles du sexe, de 82 à 91,2 %.
  • Augmentation du pourcentage des 15-49 ans ayant eu plus d’un partenaire sexuel au cours des douze derniers mois et indiquant avoir utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport :
    • Hommes : de 6 à 13,9 %
    • Femmes : de 10,9 à 14,3 %.
  • Au total, 272 éducateurs issus du milieu professionnel du sexe ont été formés à la prévention des infections sexuellement transmissibles (IST). 4 426 322 préservatifs masculins et 28 573 préservatifs féminins ont été distribués.
  • 169 professionnels du sexe et 189 agents de sécurité ont été formés aux droits des professionnels du sexe.
  • 5 292 professionnels du sexe ont bénéficié d’un dépistage dont ils connaissent les résultats.

Contribution du Groupe de la Banque mondiale

Ce projet a obtenu une subvention de l’IDA de plus de 9 millions de dollars, en soutien à 247 activités ayant bénéficié à quelque 94 763 habitants.

Partenaires

Deux partenaires ont assuré la mise en œuvre du projet : Population Services International et le Conseil national de lutte contre le sida (CNLS).

Perspectives

Le gouvernement continue de financer les services liés au VIH depuis la clôture du projet, grâce au soutien du projet d’appui au développement du secteur de la santé (PADSS), de PRIDE, de l’Union européenne et de l’agence belge de coopération au développement. Le secrétariat exécutif du CNLS fera l’objet d’une réorganisation et d’une restructuration du personnel.

Bénéficiaires

Cécile a 25 ans. Prostituée depuis ses 13 ans, elle a pu s’extraire de ce milieu et lancer une entreprise de production d’huile de palme grâce à un don obtenu dans le cadre du projet. « Avec 2 000 francs burundais [1,50 dollar], je peux acheter ma ration alimentaire quotidienne », raconte-t-elle. Séronégative, la jeune femme est soulagée de ne plus avoir à écumer les bars à la recherche de clients. Jeanne, qui fait partie des 14 000 prostituées du pays, explique comme « elles ont été sensibilisées par des films qui montrent que le VIH/sida tue. On nous a aussi distribué des préservatifs pour nous protéger contre les infections sexuellement transmissibles ».

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